Looping
Melle Couac m’a donné envie de replonger dans mon passé pour lister quelques uns de mes souvenirs d’enfance avec, je l’avoue, le cœur un peu serré. Spontanément, je suis revenue à Montreuil-sous-bois dans le 93, là où j’ai planté mes racines…
Je me souviens du gros portail vert en bois peint avec le sigle Yacco
Je me souviens de la cour encombrée de carcasses de voitures, de la moustache du garagiste et de la valise RTL
Je me souviens des chats errants et de leurs petits tout pouilleux
Je me souviens des lilas blanc et mauve le long de la palissade
Je me souviens des pruniers dans lesquels je grimpais pour manger les fruits verts, fermes et acides
Je me souviens des douces soirées d’été assise sur le toit d’une épave à partager mes secrets avec ma copine Cherifa
Je me souviens des géraniums accrochés à la grille
Je me souviens de notre voisine italienne qui criait par la fenêtre le nom de son fils Raphaël
Je me souviens de la clef cachée derrière le volet
Je me souviens du comptoir sur lequel trônait Mistigrise, de l’escalier en colimaçon, des carreaux jaunes et violets
Je me souviens du tableau noir pour la liste des courses et mes révisions de grammaire
Je me souviens de mes posters d’animaux et ceux de mon frère aux couleurs de l’équipe de Saint-Etienne
Je me souviens de mon bureau avec mes boites de feutres et mes pots de perles devant lequel je m’ennuyais quelques fois
Je me souviens des chatons nés au fond de mon lit
Je me souviens de l’album rouge des Beatles, de Supertramp, de Peter Gabriel…
Je me souviens chanter, sans comprendre les paroles, assise à côté du tourne-disque blanc
Je me souviens du Film du dimanche soir et des Dossiers de l’écran confortablement installée sur le canapé, près de ma mère
Je me souviens des fleurs que je lui offrais pour qu’elle garde ou recouvre son sourire
Je me souviens des samedis où nous rejoignons notre père près de la Gare de Lyon
Je me souviens de nos week-ends immuables entre le petit restaurant de M. Thui, les séances de cinéma et les énormes glaces du Drugstore de l’Opéra
Je me souviens de nos réveils le dimanche matin sur la musique de Santana
Je me souviens d’une longue jupe bariolée que j’aimais porter avec un petit haut à fleurs
Je me souviens des sous-pulls en acrylique dont j’aimais assortir la couleur avec mes jupes kilt
Je me souviens des bouteilles consignées ramenées au Félix Potin d’en face contre un paquet de Pépito au chocolat noir
Je me souviens du pain chaud dont je grignotais la croûte puis le quignon sur le chemin du retour