Mot pour mot
Parler revient à marcher dans des rues maintes fois parcourues. Nous prononçons des mots comme nous mettons un pas devant l’autre. Quelquefois, dans un quartier connu comme notre poche, nous découvrons avec étonnement un portail, une façade, un magasin sans comprendre comment nous avons pu passer devant si souvent sans le remarquer. Parfois, nous nous arrêtons sur un mot maintes fois prononcé et nous nous demandons avec curiosité quel peut être son origine, son histoire, comment il a pu en arriver là. Diantre ! Certains mots s’en amusent, nous jouent des tours, se composent.
Prenez "gros mot" par exemple. Littéralement, un "gros mot" est un mot particulièrement gros. Dans ce cas, le plus gros des "gros mots" est sans conteste "anticonstitutionnellement". Pourquoi donc devrait-on s’offusquer que nos enfants s’échangent ce genre de mots dans la cour de récréation ? Et puis, logiquement, le contraire d’un "gros mot" est un "maigre mot" mais je n’en ai jamais entendu parler...
Mince, je m'égare. Le "gros mot" n'est autre qu'une expression grossière. Et pourquoi ne dit-on pas des "grossiers mots" puisque les "grossiers personnages" existent ?